Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Nath va au cinéma
8 février 2016

Préjudice ★★

Troisième huit clos que je vois en quelques semaines, à croire que c'est une mode ! Pourtant, aucun ne se ressemble. Sur Préjudice, je reste un peu perplexe à la sortie de la séance, bien qu'éblouie par quelques scènes et le jeu de Thomas Blanchard qui interprète brillamment Cédric, le personnage central de cette famille provocant le malaise.

 

Petit résumé :
Quelques membres d'une famille se réunissent dans la maison des parents lors d'un dîner afin que Caroline, leur fille, annonce une bonne nouvelle. Le bonheur s'estompera très vite face à la réaction de Cédric qui ne supporte pas de ne pas être écouté et respecté. La situation s'envenime, entre une sensation de malaise et d'impuissance.

 

Je suis allée voir ce film par curiosité, car je ne suis pas tellement familière du cinéma belge et le topo ne m'excitait pas tellement. Antoine Cuypers signe ici son premier long métrage, il avait précédemment signé quelques scénarii et déjà réalisé un court métrage avec Arno. Le chanteur s'en sort bien comme père en retrait, incapable de réagir face à la situation difficile dans laquelle son fils les enlise, tout comme le regard que peut avoir le spectateur sur eux. Nathalie Baye, toujours impeccable, incarne quant à elle le pilier de la famille, d'apparence solide mais déchirée au fond d'elle. Avec eux, la belle fille (Cathy Min Jung) et le beau fils (Eric Caravaca) font belle figure et semblent partagés entre pitié et soutient. Enfin, la fille Caroline (Ariane Labed), celle qui devait être la vedette de la soirée, devient rapidement méchante et antipathique.

prejudice-image01

Le grand rôle de ce film revient à Thomas Blanchard, pour moi un quasi inconnu. Il incarne Cédric de manière terrifiante, on croit à sa folie, il passe de la colère à la douceur sans rien y comprendre et de manière tellement naturelle. Car Cédric a toujours vécu chez ses parents, contrairement à un "Tanguy", il y est contraint à cause d'un grave problème comportemental. Le choix de ne pas dire de quoi il souffre réellement est volontaire de la part du réalisateur, ce qui accentue le mystère autour de son personnage. Il s'enferme et pourtant rêve d'un voyage en Autriche pour voir en vrai le paysage d'un poster qui orne sa chambre. Une scène magnifique montre toute son ambiguïté, l'orage éclate et lui reste seul assis à la table sur la pelouse, les autres s'affolant pour sauver les plats de l'eau battante. Le plan est centré sur lui, la musique renforce ses sentiments, le ralenti sublime le tout comme si Cédric pouvait se couper du temps et des autres. Cette scène n'est finalement que l'écho de l'orage que Cédric va orchestrer tout au long de cette longue soirée.

 

En tant que spectatrice, j'ai eu des hauts et des bas. J'ai eu du mal à supporter tout au long du film les éternelles querelles qui vont du reproche à l'incompréhension. Nous voilà réduits en simple spectateur de cette soirée, car il est impossible de les juger, on encaisse avec eux et on est triste pour eux. On voit bien la souffrance qui existe entre le fils et sa mère, mais nous n'avons pas les clés pour vraiment comprendre le pourquoi de tout ça, on effleure le problème à coups de non-dits. Puis, comme la scène que j'ai décrite précédemment, quelques moments insolites et bien mis en scène font briller le film. Une autre scène fait penser au Shining de Kubrick. Le petit fils Nathan, aussi présent au dîner, part se balader dans la grande maison. Son avancée, à tâtons, dans les couloirs font forcément penser au jeune Danny qui explore l'inquiétant hôtel sur son vélo. Jusqu'à ce que Nathan se trouve curieux face à une porte noire, alors que toutes les autres ont l'air d'être blanches, faisant monter petit à petit la tension et l'angoisse. Les cadrages bizarres, la musique entêtante comme les silences apportent beaucoup à toute l'ambiance de plus en plus anxiogène.

 

Préjudice reste un bon premier film pour ce jeune réalisateur belge, aux influences pointues. Il ne reste qu'à supporter les fractures familiales et éclats de mots pour en apprécier toute son ambiguïté.

Publicité
Publicité
Commentaires
L
( et puis les huis clos, depuis l'IMMENSE et terrible déception des 8 salopards, je vais me méfier !)
L
Voilà un coup de bluff comme je les apprécie ! En toute franchise, je n'avais même pas fait attention à la sortie de ce film ! Et pourtant, le cinéma belge est capable de nous réserver de belles pépites (bon, ok, j'adore Dikkenet !). Mais, avant tout, j'apprécie le fait d'aller voir le film que personne ne va voir (se retrouver à 5 dans une salle me rend bêtement assez fier..... Même si je ne crache en aucune manière sur les blockbusters). Cela dit, votre avis me donne moyennement envie de voir ce film, les souffrances familiales sont parfois dures à supporter au ciné. Bon, je passe donc mon chemin mais merci pour cette découverte !
Nath va au cinéma
  • Nath vous parle des films qu'elle a vus. ★★★★ : Méga super bien — ★★★ : Très bien — ★★ : Pas trop mal — ★ : Bof — ☄ (comète) : Ce film est un ovni, je ne sais pas si j'adore ou pas mais ça ne m'a pas laissé indifférente
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité