Je me souviens avoir découvert Amy Winehouse en écoutant Nova. Tout à coup Rehab passe et je suis scotchée par cette voix sortie d'une autre époque, et estomaquée quand j'apprends que c'est bien une artiste contemporaine. J'ai tout de suite adorée le son de cet album, son grain de voix unique, ses rythmes. Et à côté, les médias la montrent alcoolique, droguée, perdue. J'aimais l'artiste mais j'avoue que je trouvais pathétique quand je voyais des images de concerts où elle était une vraie loque sur scène à ne pas réussir à aligner deux mots de paroles.

Asif Kapadia n'est pas un fan d'Amy, ne l'a jamais rencontré. Son point commun avec elle est d'être originaire du nord de Londres. Après un long travail de recherche d'images et de témoignages, il livre avec ce documentaire un joli hommage à l'artiste. Les paroles des chansons sont un fil conducteur du film, elles apparaissent à l'écran, et on comprends tout de suite à quel point les textes d'Amy font écho à sa vie. Chaque chanson est un exutoire, un témoignage intime. On découvre ainsi quelle artiste complète elle était puisqu'elle écrivait, composait, chantait.

C'est assez jeune qu'elle a été découverte et se lance avec l'album Franck. Elle commence à bien marcher et trouve déjà un public. On la voit se préparer pour aller sur scène, elle commence à peaufiner son look, mais sa voix, son son jazzy est déjà là, depuis le tout début. Quand on regarde ce film, on a déjà des à priori sur elle, les média en ont tellement étalé sur sa vie... Mais on se rend compte très vite à quel point elle était fragile et mal entourée face à son immense talent. Amy vit pour sa musique, c'est tout ce qu'elle veut faire, chanter, composer, écrire. Mais elle est très influencée par ceux qu'elle aime, dont le fameux Blake qui sera son pire poison. Quand elle doit se produire sur scène, elle a un trac immense. Ce sont l'alcool puis la drogue qui vont lui donner le courage de chanter devant un public de plus en plus nombreux.

Par exemple, Rehab sort de ses tripes. Après le succès de Franck et les premiers ravages de l'alcool et de la drogue, elle a failli être envoyée en cure de désintoxication. Le témoignage de son père fait interroger. Il a pensé à ce moment qu'elle pouvait s'en sortir seule, qu'elle s'isole un peu, qu'elle se remette à écrire, mais de là à entrer dans un établissement spécialisé, ce n'était pas utile. Puis aujourd'hui on peut se poser la question, comme il l'a fait, si elle était entrée en cure, peut-être que l'album Rehab n'aurait jamais vu le jour et sait-on si elle aurait réussi à réécrire un jour ? De sa détresse, de ses souffrances, elle a sorti ses meilleurs morceaux, alors si elle avait été saine et heureuse, on peut se demander si elle serait devenue l'artiste aux 10 Grammy Awards qu'elle a été.

Que vous soyez fan ou pas, Amy était une passionnée de jazz et une artiste extrêmement douée, malgré la catastrophe de sa vie, ce documentaire vaut le coup d'être vu. Si vous l'avez loupé en salle, le film sortira en Blu-ray et DVD le 2 décembre prochain. En attendant, vous pouvez réécouter ses albums, et attardez-vous un peu sur ses paroles, elles veulent dire quelque chose.

Amy ★★★

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