Après près de quatre ans d'abscence sur les écrans, Joaquin Phoenix livre une prestation fracassante aux côtés de Philip Seymour Hoffman dans The Master, la dernière œuvre de Paul Thomas Anderson.

Freddy Quell était officier de la Marine pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il en sort détruit, dépendant pathologique à l'alcool, frustré sexuellement. Il enchaînera petits boulots et s'enfoncera toujours plus dans son mal-être jusqu'à sa rencontre mystérieuse avec Lancaster Dodd. Les deux hommes se fascinent l'un l'autre et éprouvent en quelque sorte le même réconfort dans l'alcool. "Le maître" trouvera en Freddy un soumis serviable pour alimenter diverses expériences qu'il mène pour "La Cause"...

Malgré beaucoup de points forts, je n'ai pas été très touchée par ce film. Une certaine lenteur s'installe assez vite, le spectateur devant survivre à quelques longueurs et répétitions abrutissantes dûes aux méthodes de travail du personnage de Lancaster Dodd. The Master, en plus de raconter la captivante relation entre les deux hommes, dévoile d'une certaine manière l'origine de la scientologie, ici maquillée sous le nom de "La Cause". D'abord esquissée comme recherche scientifique, "La Cause" dévoile très vite des méthodes asservissantes ouvertement testées sur Freddy, parfait cobaye facile à manipuler, homme perdu dans sa vie dont l'esprit est embrouillé par l'alcool.

Et puis, il y a de belles choses qui portent ce film. Tout d'abord, lorsqu'on se perd dans les lenteurs, on ne peut qu'admirer la photographie parfaite gérée par Mihai Malaimare Jr. (qui s'est déjà fait un nom sur les trois derniers films de Francis Ford Coppola). Les plans sont magnifiquement composés et nous plongent dans la tourmente du personnage avec quelques plans serrés. Du côté du casting, on est très bien servi. Joaquin Phoenix habite son personnage d'une manière fascinante. Il apparaît très amaigri, presque déformé, s'exprimant difficilement comme s'il était vraiment en état d'alcoolémie avancée en permanence. Face à lui, Philip Seymour Hoffman, dont le talent n'est plus à prouver, campe fièrement son rôle de manipulateur. Leur duo se transforme parfois en duel pour montrer toute la complexité de leur relation. Physiquement ils se complètent bien aussi : Freddy est maigre, le visage marqué par la souffrance de la vie, une chevelure noire, alors que Lancaster est un poupon blondinet qui inspirerait confiance. Une seule personne peut s'immisser dans leur relation et les contrôler, c'est la femme de Lancaster, jouée par Amy Adams, au début discrète mais qui s'avèrera être une figure forte au sein de "La Cause".

The Master marquera tout de même le retour en force de Joaquin Phoenix, en course pour l'Oscar du meilleur acteur. Résultat dans quelques semaines...

The Master ★★

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