Un film sur l'éducation et son système, cela peut être risqué, cela peut être cliché. Tout d'abord, j'ai pensé au fameux Entre les murs bien de chez nous. Un prof qui a l'envie d'enseigner dans le sang, qui sait s'y prendre face à une classe d'élèves redoutables dont chacun, pour l'opinion de la société, serait irrécupérable. Mais non, ce n'est pas pareil, on va aussi hors de l'établissement, on suit ce professeur au delà de sa classe, on le voit tel qu'il est, un être tout simplement bon. Là, j'ai pensé à Half Nelson, un film de 2007 où Ryan Gosling interprête aussi un professeur dans la même situation professionnelle que celui joué par Adrien Brody. Non plus, ce n'est toujours pas pareil, car le premier montre un professeur qui s'enfonce dans une mauvaise situation hors de l'école alors qu'ici il est aussi stable en enseignant qu'en dehors mais est rongé par le passé. Detachment montre très vite sa propre identité et sa propre force.

Adrien Brody est la force du film. Il démontre de nouveau tout son talent. Il incarne ici Henry Barthes, un homme qui sait dire la vérité, sans blesser mais en faisant prendre conscience. C'est comme ceci qu'il a acquis au fil des années sa notoriété de bon professeur pour élèves à difficultés. Il raconte son histoire, ne veut pas oublier, essaie d'aider les gens à se dévoiler et à rester eux-même face à une société qui fait rentrer tout le monde dans des cases. C'est une belle morale de ce film d'ailleurs : savoir garder sa propre personnalité face au système.
En dehors des cours, il rend visite à son grand-père hospitalisé. Sur son chemin, alors qu'il est bouleversé, il rencontre Erica, trop jeune pour foutre sa vie en l'air en se prostituant. Il la prend sous son aile et tente de la sortir de son cercle vicieux. Petit à petit, il devra se dévoiler lui aussi...

Detachment est d'une désarmente sincérité qui rend toute cette histoire touchante. Les cadrages sont parfois très rapprochés, ce qui peut mettre mal à l'aise, mais il remplit le but de fixer le sujet, d'être tout à son attention. J'ai eu un peu de mal avec des zooms rapides utilisés à plusieurs moment, au moins ça dynamise le cadre face à une action plutôt statique, du moins regroupée sur un point fixe. Par ailleurs, on peut être surpris par de beaux plans métaphoriques accompagnant le récit du professeur Barthes. J'ai fait la part belle à Broody, mais tous les autres acteurs jouent juste, on les sent impliqués. Si vous allez le voir, n'oubliez pas un petit mouchoir dans votre poche, on ne sait jamais...

Detachment ★★

Partager cet article