The Revenant fait parler de lui depuis plusieurs semaines puisqu'il pourrait valoir le premier Oscar à Leonardo DiCaprio. Alors que tout le monde est focalisé sur lui et est persuadé de sa victoire, il faudra aussi surveiller les autres nominations, puisque le film est cité 12 fois. Au delà des récompenses, le film est tout simplement une nouvelle petite merveille d'Alejandro Gonzales Iñarritu.

Petit résumé :
The Revenant, c'est Hugh Glass, un trappeur laissé pour mort par ses équipiers, après s'être fait salement amocher par un ours. Le besoin de vengeance le maintiendra miraculeusement en vie, puisqu'il veut retrouver celui qui a tué son fils, Fitz, un homme rustre, fourbe et égoïste, animé par le seul appât du gain. Ils sont confrontés à l'hostilité et à la force de la nature, à la fois comme un allié que comme un ennemi.

On a l'impression que ce film c'est seulement Leonardo DiCaprio. Pourtant, sa performance ne peut être dissociée de celle de Tom Hardy, si on ne parle que des acteurs. Ce que vit le personnage de Glass est animé par le comportement de Fitz. Si ce dernier n'avait pas salement tué son fils, mais simplement laissé pour mort, il ne serait peut-être pas parti dans cette quête de rédemption. Si DiCaprio doit être récompensé par ce tant attendu Oscar (même si d'après moi, sa victoire n'est pas si évidente), il faut aussi récompenser Hardy en second rôle (même si je suis très fan de la performance de Mark Ruffalo dans Spotlight). L'un doit surpasser l'autre en permanence, pour frôler la nature sauvage de l'humain.

Tom Hardy, il faut en parler. Cet homme a une capacité de transformation d'un rôle à l'autre assez incroyable. A l'image de Gary Oldman, il sait modifier son allure physique, sa démarche, ses postures, ses mimiques jusqu'au ton de sa voix, déjà si imposante, pour rendre son personnage unique. Il a un charisme énorme. Ici, il est un trappeur à l'accent paysan presque incompréhensible, on sent le travail qu'il a fait pour devenir l'insupportable Fitz. Son personnage est absolument antipathique, une véritable ordure. Son regard fait ressentir à la fois la peur et la folie qu'il a en lui. Pourtant, il crève l'écran à chacune de ses apparitions, jusqu'à la dernière minute, dans une sorte de tension intense.

De son côté, DiCaprio est loin d'être mauvais. A contre-emploi par rapport à tous les rôles qu'il a pu camper, il se transforme en bête humaine qui grogne et qui souffre jusqu'au plus profond de lui. Je pense que c'est le premier film dans lequel il a si peu de répliques en tant que premier rôle. Tout est physique, son regard en dit beaucoup aussi sur sa détermination, sa souffrance et l'amour qu'il a en lui. Il s'est surpassé et c'est très convainquant.

Les acteurs c'est une chose, mais les vrais génies, c'est sûrement le duo Alejandro Gonzales Iñarritu (réalisateur/scénariste) / Emmanuel Lubezki (directeur de la photographie). Ils ont déjà orchestré le magnifique Birdman l'an dernier. Ici, ils filment un milieu hostile, une nature enneigée, imposante, froide en lui donnant le droit de jouer son propre rôle. Les personnages sont confrontés à cet environnement personnifié par les indiens qui se bâtent pour protester contre les hommes blancs qui viennent la détruire. Les cadrages et quelques plans séquences intenses évoquent toute sa force. Le côté mystique de l'histoire m'a rappelé Tree of life, mais de manière plus abordable, et les plans sur les étendues blanches, les arbres immenses ou encore l'eau cristalline y participent. Mais tous ces plans parlent, ils racontent quelque chose d'évident, on n'est pas simplement en contemplation de l'environnement, chaque bout de nature participe aux efforts que doivent faire les personnages dans leur combats, avec ou contre elle.

Vous l'aurez compris, j'ai adoré. J'avais peur du traitement de la fin, car après plus de deux heures de voyage à voir DiCaprio aller au bout de lui même, on se demande comment ça peut se terminer sans qu'on soit déçu, soit parce que ça pourrait être bâclé (au cas où la quête soit plus importate que la finalité), soit parce qu'on pourrait en faire trop (avec du spectaculaire). Mais avec un tel réalisateur, heureusement la solution est celle qui reste intense jusqu'au bout et qui est intelligemment traitée, avec une sorte de morale bien amenée qui clôt ces 2h36 de chef d'oeuvre, sans ennui.

Alors, Oscar ou pas Oscar, ça m'est vraiment égal, The Revenant est une oeuvre de cinéma avec des personnages acharnés, des images splendides et une ambiance qui nous plonge dans ce nord froid et imposant.

The Revenant ★★★★

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