Un divan à Tunis ★★★

Pour son premier long métrage, Un divan à Tunis, Manele Labidi s'est largement inspirée de ses origines tunisiennes et du résultat du renversement de Ben Ali suite à la Révolution qu'a connu le pays. Quoi de mieux pour comprendre l'état chamboulé d'une population perdue dans un chaos soudain, où la liberté gagnée pourrait être menacée par une crise économique ou le terrorisme, que d'y inviter une psychothérapeute motivée à écouter tous leurs maux. 

Au lendemain de la Révolution arabe, Selma décide de revenir s'installer dans une banlieue de Tunis après plusieurs années à Paris. Elle y ouvre son cabinet de psychanalyse malgré le scepticisme de ses proches. Très vite, son carnet de rendez-vous est plein mais elle avait oublié un petit détail administratif. Elle a besoin d'une autorisation du Ministère de la Santé pour pouvoir exercer son métier. Naïm, un inspecteur de police rigoureux, saura le lui rappeler...

Le choix de Golshifteh Farahani pour interpréter Selma est tout simplement parfait. Elle est solaire et porte en elle un espoir et une force indescriptible. Son personnage est mal perçu à cause de ses manières françaises qu'elle a acquises durant son expatriation, provoquant jalousie et dédain. L'actrice a elle-même eu des difficultés avec les autorités de son pays dès qu'elle s'est montrée sans voile lors de la promotion de son premier film tourné à l'étranger. À moindre niveau, dans Un divan à Tunis, Selma doit garder la tête haute, s'affirmer face aux a priori de la religion comme aux constantes remarques suite à son célibat assumé. Il est difficile de retrouver sa place lorsqu'on est parti de chez soi. La jeune femme a été transformée par son voyage et son pays a changé durant son absence. Ce film parle aussi de l'équilibre qu'il faut retrouver pour se sentir de nouveau chez soi et se faire de nouveau accepter par les autres comme elle pouvait l'être avant son départ.

Sur un air de comédie légère et lumineuse, Manele Labidi aborde des sujets profonds. Grâce à un éventail de personnages fantaisistes, on comprends le poids de la religion, l'insécurité, les aberrations administratives ou encore les tabous liés à l'acool ou à l'homosexualité. On peut cependant lui reprocher de ne pas avoir un peu plus bousculé son personnage principal, lui avoir donné un peu plus de folie, bien que beaucoup de situations burlesques animent le film dans un esprit toujours positif. Quelques scènes coupées sont disponibles dans les bonus du DVD et montrent encore plus de moments fantaisistes durant les consultations notamment. 

Parmis les bonus, il est possible de visionner le film accompagné des commentaires de la réalisatrice et son premier assistant, Guillaume Huin, pour mieux comprendre leur manière de travailler et écouter leurs anecdotes sur le tournage. Aussi, on peut y découvrir le court-métrage que Manele Labidi a réalisé lors d'un programme d'écriture à la Femis en 2018, Une chambre à moi, une adaptation libre d'un roman de Virginia Woolf, Une chambre à soi. Il y est aussi question de trouver sa place pour cette jeune mère qui étouffe tout à coup dans son studio après l'arrivée de son bébé.

La photographie claire et lumineuse ainsi que la musique joviale et rythmée appuient la vision optimiste que partage la réalisatrice. Jamais de fatalisme, toujours penser au meilleur, et ne jamais baisser les bras, c'est bien ce qu'on peut retenir de Un divan à Tunis. Dans ce feel-good movie, Manele Labidi partage son positivisme au travers de ses personnages chaleureux et une certaine bienveillance grâce à la douceur et au charisme de Golshifteh Farahani.

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Un divan à Tunis en DVD et Blu-Ray depuis le 25 août, ainsi qu'en VOD. Édité par Diaphana Edition Video dont vous pouvez suivre toute l'actualité sur son site et sa page Facebook.

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