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Nath va au cinéma
30 octobre 2017

The Square ★★★

Ruben Östlund a été surpris de se voir remettre la Palme d'Or en mai dernier et depuis il ne cesse d'exprimer sa joie et sa fierté grâce à son petit coup de maître. Mêlant drame et satire, il invite le spectateur à découvrir un bout de la vie de Christian, conservateur d'un musée d'art contemporain suédois, qui va se voir quelque peu bousculé après s'être fait voler son téléphone portable. Un malheur en appelant un autre...

Christian (Claes Bang) est reconnu dans son domaine, il a même quelques admirateurs. Au moment où il prépare une nouvelle exposition dont l'œuvre phare est The Square, une installation invitant ses visiteurs à l'écoute et au partage, valeurs qu'il semble défendre quand il argumente sur cette œuvre, il se fait voler son téléphone portable. On découvre ainsi sa vraie personnalité se dessiner assez rapidement, Christian est en fait un homme prétentieux qui ne pense qu'à son propre bien être. 

 

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Le film aborde plusieurs thèmes. Le plus amusant est l'envers du décor d'un musée d'art contemporain. Entre l'absurdité d'une œuvre, le regard qu'on porte sur elle, ou la tentative de lui donner un sens, l'amateur d'art en prend pour son grade. On s'amuse lors d'une situation cocasse d'apprendre qu'une œuvre a été dégradée, mais la réaction de Christian s'avère encore plus drôle. Au delà du simple objet d'art, le musée est le point convergent de toute l'histoire, tel un miroir de la vie et de ses pires inclinations. Ainsi, on se délecte de la folle campagne de communication vendue par de jeunes créatifs qui expliquent qu'il faut créer la controverse pour faire parler de l'exposition, et l'idée qu'ils pondent est assez magique.

The Square, l'œuvre dans le film et le film lui-même, évoque l'égalité entre les gens, la solidarité, la responsabilité et la confiance. Quand l'œuvre appelle à cela, le film, lui, montre que dans la vraie vie, même si on pense défendre ces valeurs cela ne va pas de soi, loin de là. Christian en est l'exemple type. Il fait partie d'une classe sociale aisée, à l'abri du besoin, mais quand des gens démunis lui demandent une pièce ou un peu d'attention, il les ignore ou a une réaction absurde et inappropriée. Il devient ainsi de plus en plus détestable, on rit aisément de ses décisions, on se délecte de toute la satire que le réalisateur déverse sur nous. Jusqu'à un point de rupture d'abord amené par l'arrivée des filles de Christian, on ignorait d'ailleurs jusque là qu'il pouvait être père et lui semblait l'avoir oublié. Tout à coup, le film perd un peu en intensité, comme un retour brutal à la réalité.

 

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Puis, le film implose lors d'une scène à la fois surréaliste mettant petit à petit très mal à l'aise. Grâce au talent de l'acteur Terry Notary connu pour ses prestations en motion capture, dernièrement dans La Planète des Singes - Suprématie ou encore dans Kong, The Square va au bout de ce que peut proposer l'art contemporain avec un happening inattendu pour montrer l'humain dans son état le plus primitif. C'est la première fois que l'acteur se montre sans masque virtuel, presque nu, transformé en artiste extrémiste dans la métamorphose corporelle qu'il propose et dont la performance est quelque peu embarrassante. Alors qu'on se sent plutôt amusé au début, la scène commence à devenir longue et angoissante jusqu'à ce que plus rien ne soit maîtrisé. En une scène, le réalisateur s'en prend aux principaux thèmes de son film : jusqu'où peut-on aller dans l'Art et qu'est-ce que la nature humaine ? On peut retourner la question dans tous les sens, tout fonctionne, tout s'entremêle aisément : jusqu'où peut-on définir la nature humaine et qu'est-ce que l'Art ?

Après ça, il est difficile d'esquisser à nouveau un sourire. Le film tombe dans le drame total quand je me plaisais bien dans la satire. Christian est toujours empêtré dans des situations difficiles, mais la manière dont il s'en sort est presque trop consensuelle, moins risible, j'aurais aimé que le réalisateur assume sa folie jusqu'au bout et offre une issue chaotique à son personnage plutôt qu'une sorte de happy end. Il a certainement préféré ce type de dénouement pour pouvoir s'offrir quelques plans esthétiques dont une fouille de poubelles, métaphore visuelle entre la vie du riche et celle des sans-abri, dont justement la récurrence visuelle tout au long du film rappelle au spectateur l'individualisme de la société et l'ignorence dont elle fait preuve avec les plus démunis, même dans un pays vu comme l'un des plus égalitaire en Europe. 

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Commentaires
Nath va au cinéma
  • Nath vous parle des films qu'elle a vus. ★★★★ : Méga super bien — ★★★ : Très bien — ★★ : Pas trop mal — ★ : Bof — ☄ (comète) : Ce film est un ovni, je ne sais pas si j'adore ou pas mais ça ne m'a pas laissé indifférente
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