Un petit boulot ★★★

On se souvient encore de cette joyeuse comédie L'Arnacoeur sortie en 2010 réunissant Vanessa Paradis et Romain Duris. L'an dernier, Pascal Chaumont a retrouvé son acteur qui aime se glisser dans la peau de filous pour une nouvelle comédie qui marquera son dernier tournage. En effet le réalisateur nous a quitté un an avant la sortie d'Un petit boulot, qu'on peut découvrir  en ce moment dans les salles obscures.

Michel Blanc s'est attaqué à l'adaptation du roman de l'auteur américain Iain Levison, à la base se déroulant au pays de l'oncle Sam. Ce n'est pas difficile d'imaginer la même situation de délocalisation d'usine par rapport à ce que connaît la France actuellement. Il signe avec brio le scénario bien cousu et les dialogues percutants, tout en se donnant un des rôles majeurs du film aux côté de Romain Duris.

Duris campe le rôle de Jacques, chômeur depuis deux ans suite à la fermeture de l'usine dans laquelle il a passé de belles années. Tout ce qui lui reste, puisque sa femme n'a pas supporté ce changement de niveau de vie, ce sont ses amis, ses anciens collègues. Il y a Jeff (Charlie Dupont) qui fait de la bricole, avec un peu d'arnaques par-ci par-là pour arrondir les fins de mois. Et puis il y Tom (Gustave Kervern), le bon gars, père de famille attentionné, qui vient de décrocher un poste mal payé dans une station service. Jacques, lui, n'arrive à pas grand chose même s'il donne des coups de main à qui a besoin.

Quand Gardot (Michel Blanc) lui propose "un petit boulot", il a de quoi réfléchir car ce n'est pas rien. Il lui demande de tuer sa femme. En échange vingt mille euros, de quoi se refaire une santé ! Son cœur balance entre accepter pour l'argent et garder une certaine éthique, car tout de même tuer quelqu'un, ce n'est pas une mince affaire quand on n'a jamais touché une arme de sa vie, sans parler du fait que ce soit juste interdit moralement parlant. Bien évidemment il accepte, et puis c'est comme un effet boule de neige. Tout ne peut s'arrêter là.

Le fond social ramène cette histoire rocambolesque à la réalité. Au delà de la fermeture de l'usine, ils sont de nouveau confronté à la cruauté du monde du travail actuel avec le personnage sans pitié joué par Alex Lutz, machiavélique à souhait. Toutes ces choses vont secouer Jacques qui va se laisser corrompre tout en étant conscient de ses actes. Il en a peur, mais il est curieux aussi. 

Il entraîne ainsi le spectateur dans cette folie, ce dernier devenant aussi curieux que lui sur ce que peut être la suite des choses une fois la frontière du crime passée. Romain Duris a un certain pouvoir magnétique à l'écran, même en barbu pas coiffé aux cheveux gras, on a envie de le suivre dans cette immoralité. Surtout après la drôlerie de la scène d'ouverture qui donne le ton au film ainsi qu'à la nature de son personnage.

Le scénario est vraiment bien tourné. Tout en étant une comédie aux répliques bien trouvées, beaucoup de jeux de mots fins et quelques situations burlesques, on est en permanence dans une ambiance de polar qui transforme l'idée sérieuse du meurtre en situation décalée et donc drôle. Le duo principal est très bien épaulé par les personnages secondaires qui apportent chacun leur lot de cocasserie.

Avec Un petit boulot, on peut s'assurer de passer un bon moment au cinéma devant une farce à l'humour noir bien ficelé. Cette comédie arrive à entremêler bizarrement sans se planter un contexte social déprimant à des plans mafieux sans pitié, un peu comme on pourrait en voir dans un film des frères Coen. 

Comments

[Milie]

Salut ! Ce film ne restera pas dans les annales certes, mais il vaut quand même le détour. J’ai notamment apprécié l’histoire de cet homme qui essaie tant bien que mal de s’en sortir. Qui plus est, l’histoire est à la fois drôle et touchante.