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Nath va au cinéma
20 avril 2016

La saison des femmes ★★

En Inde, le cinéma a une place importante dans la culture grâce à Bollywood, mais il s'inspire surtout de la vie et des traditions du pays, comme la chanson et la danse. Leena Yadav réalise avec La saison des femmes son troisième film, avec respect pour ces traditions, tout en mettant le doigt où ça fait mal. En effet, en suivant la vie de quatre femmes dans un petit village, elle soulève de graves problèmes liés au traditions ancestrales et à la liberté.

 

Petit résumé :
Rani part avec son amie Lajjo rencontrer la famille de la jeune Janaki afin d'arranger un mariage avec son fils. Au même moment, une compagnie de danse vient poser sa tente près du village. Bijli, sous ses devants de danseuses star est en fait une prostituée, elle est ravie de pouvoir revoir son amie d'enfance Rani. Toutes quatre doivent faire face à la dureté de la tradition qui rend les jeunes hommes encore plus misogynes et fermés que les anciens du village. Bijli qui a beaucoup voyagé à travers le pays essaye d'ouvrir les yeux à son amie veuve qui ne sait plus comment gérer son fils. Pire, Lajjo se fait battre par son mari car elle ne peut pas avoir d'enfant et un destin similaire se profile pour la pauvre Janaki. Pourtant Rani a l'air de se rendre compte qu'elle reproduit tout ce qu'elle déteste de la tradition sur la jeune fille, mais elle ne change rien par peur de ce que peuvent dire les autres...

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Comment fermer les yeux sur la situation de ces femmes ? La réalisatrice a eu le courage de monter ce film, certes de manière indépendante, mais elle a tout de même du faire face à la misogynie ambiante dans son pays. En cherchant un lieu de tournage pour ce village fictif, elle a rencontré des gens qui lui ont inspirés certains comportements de ses personnages. Notamment celui de Gulab, le fils de Rani, entre l'adolescence et l'âge adulte, qui traite encore plus mal les femmes que les anciens. Dans ce genre de village, les femmes sont totalement soumises aux hommes qui bien trop souvent les maltraitent et sont alcooliques.

 

Le non respect des femmes est ici montré sous différentes facettes. Tout d'abord, l'histoire de la prostituée, acceptée pour divertir les hommes, mais son patron se sert de la couverture des danses explicitement aguicheuses pour trouver des clients qui payent afin de passer la nuit avec elle. Au fond, même si elle ne le dit pas directement, elle rêve secrètement d'un prince charmant qui la sorte de cette situation et qui regarde autre chose que sa poitrine. Elle a beau ne pas être mariée, elle est aussi prisonnière de son système.

 

Puis il y a le sujet du mariage forcé entre castes, des filles vendues à la famille du futur époux, du jeune âge auquel tout cela se passe. On voit Lajjo qui se fait frapper par son mari sous prétexte qu'elle n'arrive pas à tomber enceinte. Il boit et on voit bien qu'il ne la respecte pas, qu'elle n'est qu'un vulgaire objet acheté par sa famille pour lui servir de femme, il n'a aucun respect pour elle, ces mots et ses regards ne sont que dédain. Et en parallèle, on voit Janaki qui ne plaît pas à Gulab et dont on prédit un avenir similaire. Tout ça est très dur à regarder, surtout quand Rani, dont on apprend petit à petit qu'elle n'a pas eu un meilleur mariage avant de perdre son mari, reproduit toutes ces erreurs, à croire que c'est le destin de la femme d'être malheureuse.

la-saison-des-femmes-image02

C'est celle qui est vu comme l'incarnation de la perversion qui va tenter d'ouvrir l'esprit de Rani et des autres, parce qu'elle se fout de ce que les autres pensent d'elle, parce qu'elle se sent libre. On verra que libre, elle ne l'est pas tant que ça, mais au moins, elle a un esprit rebelle, elle sait remettre en question les traditions et ose faire bouger les choses. En parallèle, il y a un couple de commerçant, dont la femme est instruite et cela bouleverse les codes ancestraux. Tout au long du film, le peu de victoire que peuvent remporter ces femmes sont détruites par la non éducation et la bêtises des hommes trop fier et trop jaloux. Il faudra attendre la toute fin pour percevoir un peu d'espoir.

 

Voir ce film quand on est occidental fait ressentir beaucoup de tristesse et d'impuissance tellement si peu de choses sont exagérées dans l'histoire. Si Leena Yadav a l'autorisation de diffuser son film dans son pays, ce sera une preuve d'ouverture d'esprit mais surtout un grand pas pour toutes les femmes indiennes victimes du mariage forcé. On lui souhaite donc de ne pas laisser indifférente le comité de censure pour son film engagé. 

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Commentaires
Nath va au cinéma
  • Nath vous parle des films qu'elle a vus. ★★★★ : Méga super bien — ★★★ : Très bien — ★★ : Pas trop mal — ★ : Bof — ☄ (comète) : Ce film est un ovni, je ne sais pas si j'adore ou pas mais ça ne m'a pas laissé indifférente
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