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Nath va au cinéma
15 avril 2016

Les Ardennes ★★★★

J'en parlais après avoir vu Belgica, le cinéma belge débarque en force sur nos écrans. On découvre aussi une histoire de deux frères en conflit, cette fois-ci dans un univers plus sombre et angoissant avec ce thriller, Les Ardennes, premier long métrage écrit et réalisé par Robin Pront.

 

Petit résumé : 
Un braquage tourne mal et Kenny se retrouve en prison. Il ne dira rien sur l'implication de sa petite amie Sylvie et de son frère Dave. A sa sortie, seul Dave vient l'accueillir, il va très mal digérer l'absence de Sylvie. Rempli de haine, il va essayer de comprendre pourquoi du jour au lendemain elle n'est plus allé lui rendre visite. Il soupçonne chaque homme qui traîne un peu trop près d'elle d'être son nouveau chéri alors qu'il a la vrai raison sous son nez. Entre sa mère qui le déteste et son frère trop lâche pour lui parler, la tension devient très vite palpable, Kenny est prêt à tout, à n'importe quel moment....

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Encore un premier film qui détonne. Robin Pront a des références et les montre en s'en appropriant l'essence, en créant son univers froid et violent, autour de ses acteurs aux gueules cassées. On sent du Refn, des frères Coen et tout ceux qui construisent l'identité forte du cinéma flamand actuel comme Michaël R. Roskam et Felix Van Groeningen notamment. L'esthétique des plans laisse admirer dans un premier temps la ville grise et triste au travers de vitres mouillées et de décors bétonnés, puis on plonge dans le grand air des Ardennes, aux paysages impressionnant et intimidant. Mais que l'on soit en zone urbaine ou au plein coeur de la nature, cette sensation d'oppression est omniprésente.

 

Le film se construit en trois parties aux longueurs inégales. Tout d'abord la courte introduction très rythmée met en place le trio avec les deux frères et celle qui sera la cause de leur conflit. Lorsque Kenny sort de prison, on a à peine le temps de souffler. Personne ne semble enthousiasmé par sa libération anticipée et la tension commence à monter, petit à petit. Une scène magnifique confronte directement Kenny et Sylvie qui l'avait évité jusque là, on ne sait pas de quoi il est capable. Le spectateur est au même niveau que la jeune femme, dès ce moment, on aura peur de lui. Puis le dernier tiers du film est marqué par un tournant innévitable puisque Kenny est allé trop loin et va chercher Dave pour l'aider. On embarque alors sur la route des Ardennes, plus tendu que jamais, jusqu'à ce qu'on rencontre un dernier duo de personnages surréalistes pour un final insoupçonné.

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On peut dire que le casting a de la gueule. Chaque personnage a des traits marqués de souffrance dus à un passé difficile, on sent une histoire derrière eux. Veerle Baetens a déjà marqué les esprits dans Alabama Monroe. Elle joue Sylvie qui cherche à se reconstruire et à fuir un passé rempli d'erreurs. Elle est pleine de fragilité mais se montre déterminée. Face à elle, les deux frères. Dave est "le petit", toujours rabaissé et soumis à son frère ainé. Jeroen Perceval va tenter de lui donner plus de force pour surmonter le harcèlement fraternel qu'il subit depuis son enfance. De son côté, Kevin Janssens va utiliser l'énergie qui est en lui pour incarner la folie de Kenny. On ressent toute sa fébrilité seulement dans un regard ou une gestuelle, il est intimidant et semble incontrôlable.

 

Alors qu'on redoute que l'histoire ne s'empêtre dans le drame du triangle amoureux, les pistes se brouillent et on nous embarque dans les Ardennes à la rencontre de Stef (Jan Bijvoet), que Kenny avait rencontré en prison, et de son compagnon travesti. Ces énergumènes aux allures marginales semblent encore plus inquiétants que Kenny. La situation devient incertaine et surréaliste, la tension et le suspense sont à leur comble. Autant il était difficile de deviner la fin de Triple 9, autant on est ici en présence d'un twist final tellement inattendu qu'il est choquant et déroutant, joli coup de la part des scénaristes.

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Encore une fois, la musique est très présente. Quand Belgica donnait envie de danser sur une BO trop prennante, ici le son techno habille le film de son rythme frénétique. C'est le seul vrai reproche que j'ai à faire. Le choix de ce style musical n'est absolument pas subtile quand on voit le soin de la composition des plans ou du travail des couleurs. Les grosses basses martellent les tympans un peu trop violemment.

 

Ce n'est pas devant Les Ardennes que vous allez rigoler, même si quelques situations prêtent à sourire. Ce premier film très réussi plonge dans la violence comme solution à tout problème, la folie, où le sang finira par couler à force de pression psychologique. Il va falloir surveiller de près Robin Pront, jeune réalisateur prometteur.

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Commentaires
A
j'ai adoré ..... vraies gueules cassées immersion dans la noirceur humaine .... rythme époustouflant ... BRAVO
Nath va au cinéma
  • Nath vous parle des films qu'elle a vus. ★★★★ : Méga super bien — ★★★ : Très bien — ★★ : Pas trop mal — ★ : Bof — ☄ (comète) : Ce film est un ovni, je ne sais pas si j'adore ou pas mais ça ne m'a pas laissé indifférente
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