Joy ★★★

On se souvient encore du merveilleux Happiness Therapy sorti en 2012 et du déjanté American Bluff sorti l'année suivante de David O. Russell. On prend les mêmes et on recommence ! On peut dire qu'il forme une équipe gagnante avec Jennifer Lawrence, Bradley Cooper et Robert de Niro. Mais c'est mademoiselle qui a droit au rôle principal cette fois-ci, c'est tellement rare de voir ce genre de rôle pour une femme quand on y pense. 

Joy est une jeune femme qui se bat pour nourrir ses enfants, gérer ses parents, qui court partout, qui n'a pas une minute à elle. Même quand elle peut enfin dormir, des cauchemars viennent la perturber. Pourtant, elle ne baisse pas les bras et tente bien que mal de s'en sortir. Enfant, elle disait qu'elle n'avait pas besoin de rêver au prince charmant car elle n'en avait pas besoin grâce à ses pouvoirs magiques. Seule sa grand mère croyait en elle. Aujourd'hui, Joy ne croit plus en ses rêves d'enfant. Le prince charmant, elle y a finalement peut-être cru en rencontrant un chanteur de bar qui se voyait devenir le futur Tom Jones, ou plutôt un bon looser qui lui aura donné deux enfants. Sa mère passe ses journées à regarder des séries sans fond à la télévision, son père tient un garage qui n'a pas l'air très lucratif... Un jour, elle craque et ressort ses crayons pour créer un balai serpillière qui pour elle est révolutionnaire. Elle aura le soutien de son entourage pour développer son idée, même de la belle-mère fortunée, sous conditions bien sûr. Mais le vrai boulot, c'est de vendre ce balais, dans un pays de requins qu'est l'Amérique...

Jennifer Lawrence est vraiment une actrice extraordinaire. On oublie que c'est une histoire vraie dont on connait succès, elle nous emporte dans ses doutes, ses coups de gueule, sa fragilité et sa force aussi. Car oui, elle arrive à exprimer tout ce qu'une femme peut ressentir face à des épreuves qui peuvent mettre sa famille et tous ses espoirs en danger. Elle semble fragile et pourtant elle a une grande force en elle, qui lui redonne petit à petit l'assurance qu'elle avait abandonné. Son personnage est une femme battante, qui certe a inventé un produit qui peut sembler désuet, et pourtant ce balai incarne toute sa créativité qui était enfouie en elle depuis tant d'années. Elle n'a pas peur d'innover, le plus dur reste de s'imposer. C'est bien tout l'intérêt de l'histoire. Sa famille la soutient, mais dès que ça devient compliqué, chacun met son grain de sel en croyant l'aider ou lui donner les bons conseils. Les potentiels acheteurs qu'elle rencontre ne sont pas très emballés par son idée. Elle garde sa dignité et ne veut pas se rabaisser, elle croit en son idée et fera tout ce qui est en son pouvoir pour s'imposer. Bien que des pouvoirs magiques comme ceux qu'elle imaginait quand elle était enfant l'aiderait bien... Mais elle a une bonne fée qui veille sur elle, qui stimulera toute son intelligence pour enfin entrevoir une lueur d'espoir.

Comme dans Happiness Therapy, David O. Russell sait montrer la famille avec ses qualités et ses défauts. Dans Joy, il ajoute un bel hommage à l'esprit d'innovation et un peu au féminisme aussi avec le succès mérité d'une femme ordinaire qui est en fait extraordinaire.