Hitchcock ★★★
Je continue de profiter du festival des avant-premières qui a lieu ces jours-ci dans les cinémas Gaumont avec le biopic Hitchcock réalisé par Sacha Gervasi. A la rencontre du maître du suspense...
Alfred Hitchcock est au sommet de sa carrière à la sortie de La mort aux trousses. Pourtant il ne semble toujours pas satisfait et veut toujours mieux faire. Ce qui lui manque le plus, c'est la folie et la passion qui l'animait au début de sa carrière quand il réinventait le cinéma à sa manière. Il a alors l'idée folle pour l'époque d'adapter le roman Psychose. Ce pari osé va le confronter aux gens du métier réticents malgré sa réputation, mais aussi va quelque peu bouleverser sa vie de couple...
Ce film est un peu le making of du film culte Psychose avec en bonus une immersion dans la vie privée du réalisateur bedonnant ainsi que dans ses plus profondes et étranges pensées. Passionnant mais attendu quand on en connaît un peu sur sa personnalité. Toutefois, ce biopic adopte un bon rythme qui évince toute possibilité d'ennui. Et puis Anthony Hopkins, méconnaissable grâce à un parfait maquillage, crève l'écran aux côtés de Helen Mirren qui joue la compagne complice de toujours Alma Reville. Le duo arriverait presque à voler la vedette à tous les rôles secondaires dont Scarlett Johansson qui incarne Janet Leigh avec son glamour naturel. Dans le casting reconstitué du film original, on découvre une étonnante ressemblance entre James D'Arcy et Anthony Perkins alors que Jessica Biel joue Vera Miles qui a compris les petites manies perfides de "Hitch".
On ne s'en rend peut-être pas compte aujourd'hui, mais monter un projet tel que Psychose en 1959, même quand on est une légende vivante, s'apparente à un parcours du combattant. Les studios ne veulent pas prendre de risque, il savent quelles recettes fonctionnent et ne demandent qu'au réalisateur de faire du "Hitchcock". Lui est bien plus têtu et se battra au nom de la passion pour le cinéma contre les comités de censures et les studios réticents. Ses seuls soutiens sont son épouse et son agent. Au delà du projet, on est immergé dans sa vie hors des studios et dans sa tête. Il est obsédé par son histoire, par ses actrices, par ses fantasmes. Il est jaloux quand il voit sa femme avec un autre, et inversement sa femme est jalouse quand elle voit les yeux de son mari pétiller devant les jolies blondes. Car oui, si vous ne le saviez pas, Hitchcock était un peu pervers et pouvait avoir des comportements perturbants pour ses actrices dans le but d'obtenir le meilleur résultat sur la pellicule.
Il va falloir attendre le 13 février pour découvrir ce bout de vie passionnant du maître du suspense. En attendant, pourquoi ne pas voir ou revoir Psychose ? Ou du moins la fameuse scène de la douche dont on comprend toutes les astuces dans le biopic pour arriver à ce résultat quasi parfait de montage, d'angoisse et de suspense, tout en contournant intelligemment les interdictions du comités de censure !