Cosmopolis ☄

Une journée avec Robert Pattinson ça vous tente ? C'est possible dans Cosmopolis, le dernier Cronenberg, où il est Eric Packer un jeune milliardaire imposant à son staff de l'amener chez son coiffeur à l'autre bout de New York alors que la circulation est infernale ce jour-là à cause d'une visite du Président ainsi que plusieurs manifestations. On le suivra donc dès son point de départ dans sa grande limousine dont l'équipement ferait pâlir James Bond ou le capitaine du vaisseau Enterprise. Cette limousine est presque une extention de son bureau ou de son appartement, s'y succèdent collaborateurs, médecin et maîtresses à un rythme étonnant. La seule qui n'y met pas le pied est son épouse, la seule personne qui semble lui échaper. Préparez-vous à 1h45 de longs dialogues durant lesquels Packer se pose beaucoup de questions, pas toujours évident à suivre ou de rester captivé...

Je suis partagée sur ce film. Il y a des choses que j'ai aimées et à la fois pas aimées (mais pas détestées). Je vais essayer de nuancer mon avis, si j'y arrive à donner mon avis.
Ce qui m'a dérangé dès le début c'est un contraste visuel entre le côté super technologique et très bien fait des équipements de la voiture ultra high tech (des supers écrans surtout) et ce que je déteste par dessus tout c'est de voir lorsqu'il y a un fond vert qui a été utilisé (finalement il y a peut-être quelque chose que j'ai détesté). Dans les années 50, ça donnait un charme ce décors extérieur à la voiture incrusté avec les moyens de l'époque et qui peut bien faire rire aujourd'hui, mais quand on vit à l'époque d'Avatar, qu'on est dans un film où il y a de bons effets spéciaux avec ces écrans presque surréalistes et qu'on se retrouve avec un décors extérieur qu'on devine collé là... Et bien je n'aime pas. Bref, je décide d'ignorer ça car c'est secondaire.
S'ensuit les nombreuses rencontres, rendez-vous, je ne sais pas trop comment imaginer et comprendre ce qui se passe, mais toujours pourquoi pas, toutes ces personnes qui défilent dans cette voiture en direction pour un salon de coiffure. Ça parle beaucoup, à la fois de placement en bourse mal géré et de grosses questions existentielles de notre héros. Je commence à me perdre et à me demander où on veut en venir. Mais je suis fascinée par cette mise en scène, en effet on est souvent dans la limousine, le cadre se resserre sur les personnages en légère contre plongée comme si on les scrutait et quelques répliques décalées amusent.
Et puis, je prends conscience de Robert Pattinson est présent à chaque seconde, tout tourne autour de lui et au fil des minutes son monde s'écroule. Et si la menace qui plane sur lui, alors qu'il est surprotégé, c'était lui-même... Il est phénoménal, il a un charisme énorme et dégage beaucoup de désir et peut-être même de plaisir mais aussi beaucoup de complexité. Cet acteur est le point fort du film, l'histoire se passe seulement sur une journée pourtant il a le temps d'évoluer et de se transformer.
A la moitié du film à peu près, je pense, se passe quelque chose qui bouscule la linéarité de l'histoire. A ce moment-là mon intérêt s'est accentué. Intéressant, comment cela peut-il évoluer maintenant ? Je crois avoir compris où on nous mène... Je ne peux plus beaucoup raconter à moins de tout dévoiler mais j'ai aimé la manière dont le personnage bascule comme s'il franchissait une barrière, celle avec laquelle il s'est toujours protégé. Puis la fin qui me laisse encore perplexe...

Apparemment le livre dont est adapté ce film a une histoire encore plus laborieuse. Cronenberg l'aurait adapté à sa sauce et écrit le scénario en quelques jours.
J'ai l'air d'avoir plus aimé que détesté, mais voilà, à la fin du film j'ai eu le souvenir du court métrage réalisé par le réalisateur même pour Chacun son Cinéma à l'occasion du 60e Festival de Cannes "At the Suicide of the Last Jew in the World in the last Cinema in the World" (à voir ici : http://youtu.be/jEMT1mQiD68). Il y a une relation, non ? Mais ce genre de fin me laisse perplexe...